Sean Kelly [interview de Philippe Brunel, l'Equipe] 20 juillet 2012
Hier devant le Palais des Congrès de Besançon, le Tour de France a posé son chapiteau. Dans la zone technique de l'Eurovision, Sean Kelly 56 ans, consultant à Eurosport devise avec Marcel Tinazzi, l'ancien champion de France en visite sur le Tour. On les sent heureux d'évoquer le passé, les années Hinault, leurs débuts communs en 1977 chez Flandria sous la figure tutulaire du Vicomte Jean de Gribaldy.

"Il était venu à Metz un jour où je courais. Il m'a dit, tu veux courir pour moi, Maertens il a besoin de coureurs comme toi. C'est comme cela que j'ai vécu là à Besançon, deux ans au-dessus de son magasin d'électro-ménager".

Kelly était à l'aube d'une grande carrière, d'un long règne sur les classiques (11 au total), et sur le Tour aussi qu'il termina deux fois dans les cinq premiers.

- Vous avez évoqué le nom de Jean de Gribaldy, vous lui devez beaucoup.
Sans lui, je me serais égaré en buvant des bières, en bouffant des frites avec de la mayonnaise en compagnie des coureurs belges. De Gri, lui, m'a mis sur la bonne voie en m'édictant certains principes. Avec lui, on ne mangeait à table que des omelettes, de la viande blanche et du poulet. Pas de sauce, et le riz et l'alcool c'était seulement au jour de l'An. Et le matin, au petit déjeuner, il nous retirait les croissants qui laissaient une tache graisseuse sur les serviettes en papier. Il voulait toujours que l'on sorte de table en ayant faim.

- Il avait aussi la réputation de serrer les budgets, parfois sur le dos des coureurs.
Il choisissait des petits hôtels sans confort pour ne pas que l'on s'embourgeoise. Parfois, on se frictionnait au gant de toilette sur le trottoir et on rentrait à l'hôtel à vélo. Et puis avec lui, je courais 150 jours par an, de Bessèges au Tour de Lombardie sans compter les critériums. Hinault, Zootemelk et Fignon tournaient au même régime. Aujourd'hui tout a changé. Ils courent moins mais s’entraînent mieux.

- Sans Jean de Gribaldy, dites vous, vous n'auriez pas fait la même carrière, et pourtant vous l'avez quitté pour allez chez Splendor en Belgique.
Oui, pour gagner plus d'argent et parce que chez Flandria, Marc Demeyer, qui avait l'ascendant sur Maertens était toujours sur mon dos. Il savait que j'étais rapide et cela le rendait jaloux. Il n'arrêtait pas de gueuler sur moi en disant que je lançais très mal ce qui était normal car j'arrivais d'Irlande sans savoir ce qu'était une bordure. Cela dit, le même problème de jalousie s'est vite posé chez Splendor avec les Planckaert.

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