Raymond Lebreton 13 juillet 2007
Enchanté d'avoir dialogué avec vous au téléphone pour me replacer 40 ans en arrière avec le souvenir de mon ancien directeur sportif et employeur Jean de Gribaldy. Tout de suite son visage est revenu à ma mémoire. A l'époque c'était une personnalité dans le monde du cyclisme ayant été auparavant un très bon coureur professionnel dans les années 40 et 50. "De Gri", c'était son nom dans notre milieu mais il était parfois appelé le Vicomte, pas étonnant, il était très distingué et c'est l'image qui m'a marquée dès que je l'ai aperçu et côtoyé ensuite.

1966. J'étais néo-pro chez KAMONE-DILECTA, Louis Caput était mon directeur sportif. Deux hommes différents. Petit Louis (Caput) c'était plutôt le copain... mais il m'a mis tout de suite dans le grand bain : toutes les classiques, Tour de France avec de très bons résultats ensuite dans le Tour du Nord, Morbihan, Lombardie... De ce fait, mon contrat était renouvelé mais j'ai choisi d'aller voir ailleurs pour des raisons de salaires mensuels. C'est donc Roger Piel qui m'a conduit vers le groupe TIGRA-GRAMMONT-DE GRIBALDY. Par courrier, nous nous sommes mis d'accord sur ma venue dans son équipe. Notre première rencontre s'est faite sur la Côte d'Azur, au camp d'entraînement du groupe pour préparer le début de saison avec pour objectif une sélection au Paris-Nice. J'ai connu de très bons débuts avec une victoire dans le Grand Prix de Cannes. Dommage, il ne pouvait pas être là ce jour-là ! Il était remonté à Besançon pour affaires concernant son super grand magasin d'électroménager. C'était un problème pour nous dans les courses à étapes car il n'arrivait qu'en cours de route et nous étions donc un peu livrés à nous mêmes, mais dès qu'il arrivait souvent tout s'arrangeait.

Jean était très courtois et à l'écoute de ses coureurs, et jamais un coup de gueule si les résultats étaient moyens. Je me dois de dire qu'à l'époque son équipe était désignée "comme maison de retraite" parce qu'il recrutait des sans contrat... vrai pour certains ! Mais Jean avait du flair et l'a prouvè très souvent en remettant sur rail des coureurs qui stagnaient dans leur équipe (on ne les faisait pas courir). Jean était plus malin que les autres directeurs sportifs, il a été dénicher à l'étranger des coureurs de talents comme Kelly et Agostinho entre autres... Il fut à l'époque très courtisé et surtout jalousé !

Mon séjour à Besançon ? C'était bien sûr le fief de Jean avec son magasin qui servait aussi comme service des courses du groupe. Il nous avait convoqués pour être au d&part -et en forme- pour le Tour de Franche-Comté, 4 grands critériums et une réunion sur piste, celle de Besançon bien entendu. Personnellement, je n'étais pas au courant des essais de Jacques Anquetil sur une heure, en test pour son rendez-vous officiel à Milan pour battre le record de l'heure. Quel culot et quel organisateur Jean a été ! Tout avait été réuni, officiels, UCI, chronométreurs comme si cela avait LE Jour ! Et Jacques nous a encore épatés et Poulidor présent lui aussi ! Pas peu dire ils se parlaient à peine ! Donc voici pour Besançon !

Avoir porté le maillot TIGRA-GRAMMONT-DE GRIBALDY fut un honneur et je remercie encore maintenant Jean de m'avoir fait confiance lui aussi. Il m'a fait courir les plus belles épreuves de l'époque avec quelques bons résultats. Matériellement Jean a toujours tenu ses engagements dans le règlement de mes mensualités et primes promises. Dommage qu'il soit parti trop vite, car cette trempe d'homme comme lui manque énormément en ce moment dans le cyclisme. C'était un passionné, il aura marqué son époque "De Gri" !

Cliquez ici pour découvrir une correspondance entre Raymond et Jean datée de juin 1967





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